Les placements programmés – 2

Investir sur le long terme

Dans un précédent article, nous avons analysé les performances des placements programmés sur une période de 5 ans, à partir des données quotidiennes du CAC 40 GR (dividendes réinvestis) de janvier 1988 à avril 2025. Sur 389 périodes glissantes, les rendements annuels moyens se sont révélés positifs dans plus de 80 % des cas, dépassant 6 % par an dans plus de 6 cas sur 10 (« Les placements programmés – Partie 1 »).
Mais que se passe-t-il lorsque l’horizon d’investissement s’étend bien au-delà de 5 ans ? Les rendements deviennent ils plus réguliers ? La volatilité — et donc le risque — diminue t-elle avec le temps ?

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Analyse des placements programmés sur longues durées

Ce deuxième article prolonge l’analyse introduite dans la première partie, en élargissant l’horizon de placement jusqu’à 30 ans. Il conserve la même structure méthodologique pour garantir la cohérence des résultats.

Un historique étendu pour une vision de long terme

Pour étudier des durées de placement allant jusqu’à 30 ans, il est nécessaire de s’appuyer sur un historique boursier suffisamment long. L’indice CAC 40 (hors dividendes), créé en décembre 1987, a été reconstitué à partir de l’indice général de la Bourse de Paris, disponible depuis janvier 1962. Cet indice large, également désigné sous le nom de « CAC » (Compagnie des Agents de Change), comprenait alors 240 valeurs.

Le nouvel indice reconstitué, couvrant la période 1962–2025, sera noté CAC 40*. Il constitue la base de cette étude.

L’indice CAC 40* a été utilisé pour estimer les performances perçues par un investisseur sur le CAC 40* GR. Pour les périodes où cet indice n’était pas disponible (avant 1988), ses rendements ont été approximés en ajoutant un écart moyen de 3,3 % aux rendements du CAC 40*. Cette estimation, qui repose sur les écarts observés entre les deux indices depuis 1988, est stable pour les différentes durées de placement étudiées.

Méthodologie

L’objectif reste identique : évaluer l’influence de la durée de placement sur la performance, la volatilité et la probabilité d’obtenir un rendement supérieur à un certain seuil. Deux types d’investissements sont comparés :

  • Placement unique : le capital est investi en une seule fois au début de la période
  • Placement programmé : un montant identique est investi chaque mois pendant toute la durée du placement

Pour chaque durée testée (5, 10, 15, 20, 25 et 30 ans), les rendements annualisés sont calculés à l’aide de fenêtres glissantes mensuelles. Chaque fenêtre commence un mois plus tard que la précédente, ce qui permet d’analyser de nombreuses périodes consécutives, tout en couvrant l’ensemble de l’historique disponible.

Fenêtres glissantes

Pour chaque durée, des fenêtres glissantes mensuelles sont utilisées, définies comme suit :

Durée du placementNombre de moisNombre de fenêtres
5 ans60701
10 ans120641
15 ans180581
20 ans240521
25 ans300461
30 ans360401

Pour une période de placement de 5 ans ou 60 mois, on compte 701 fenêtres glissantes mensuelles de janvier 1962 à avril 2025.
Chaque fenêtre donne lieu à un rendement annualisé calculé soit pour un placement unique, soit pour un placement programmé. Pour un placement programmé, le calcul tient compte de l’accumulation progressive du capital investi au fil des mois.

Fréquence des données et précision des résultats

L’étude repose sur des données hebdomadaires de l’indice CAC 40*, disponibles de janvier 1962 à avril 2025. Des tests réalisés avec des données quotidiennes puis hebdomadaires sur la période récente (1988–2025) montrent que la fréquence d’échantillonnage a un impact négligeable sur les résultats. À titre d’exemple, le rendement moyen d’un placement programmé d’une durée de 5 ans, sur le CAC 40 GR, est de 8,32 % avec des données quotidiennes, contre 8,28 % avec des données hebdomadaires. Cet écart minime confirme la robustesse de la méthode et la comparabilité des résultats, quel que soit le niveau de granularité des données utilisées.

Analyse statistique

À partir de l’ensemble des fenêtres glissantes disponibles pour chaque durée, deux statistiques sont calculées :

  • Le rendement moyen annualisé, représentant la performance moyenne sur l’ensemble des périodes
  • La volatilité, mesurée par l’écart type des rendements annualisés

Il est important de noter que cet écart type n’est pas annualisé, car les rendements sont déjà exprimés en taux annuels. Il mesure directement la variabilité des rendements annualisés selon les points d’entrée dans le temps.

Robustesse et comparabilité des résultats

La taille importante des échantillons utilisés (plus de 400 périodes pour chaque durée) assure la stabilité des estimations. Contrairement à une approche basée sur des tirages aléatoires, cette méthode conserve la totalité des données disponibles, garantissant ainsi une couverture complète de l’historique.

Des tests complémentaires ont été menés avec des méthodes d’échantillonnage aléatoire. Ils confirment que les résultats obtenus avec un échantillon unique contenant la totalités des fenêtres glissantes (sans doublons) sont pratiquement identiques. Cela valide la robustesse de l’analyse.

Que montre l’analyse historique ?

Bien que la base de données couvre une période plus longue, les graphiques ont été volontairement limités à la période allant de décembre 1992 à avril 2025. Ce choix permet de conserver une cohérence visuelle et analytique avec les graphiques présentés dans « Les placements programmés – Partie 1 ».

Evolution des rendements annualisés pour les placements de 5 à 30 ans.

Les placements programmés

Impact de la durée sur les rendements des placements programmés
5 à 30 ans, données hebdomadaires

Les rendements présentés sont issus de la moyenne des différentes périodicités d’investissement (mensuelle, trimestrielle, semestrielle et annuelle), les simulations ayant montré que les écarts entre ces rendements sont minimes pour une même durée de placement. Cette consolidation permet de simplifier la lecture sans perte de pertinence.

Les placements uniques

Impact de la durée sur les rendements des placements uniques
5 à 30 ans, données hebdomadaires

Observations principales

  • Les rendements deviennent plus stables à mesure que la durée de placement augmente
  • Les placements plus courts sont plus volatils, avec des creux plus marqués lors des crises
  • Les rendements des placements programmés évoluent de manière synchronisée entre les différentes durées de placement, traduisant une dynamique cohérente. Ce comportement n’est pas observé pour les placements uniques, dont les profils de rendement sont plus indépendants et irréguliers.

Structure des rendements moyens et des volatilités

Résultats moyens

Durée du placement Placement programméPlacement unique
annéesRendement moyenVolatilitéRendement moyenVolatilité
59,60 %10,74 %9,00 %9,53 %
109,67 %7,05 %9,15 %6,44 %
159,95 %5,65 %9,38 %5,24 %
2010,38 %4,66 %9,92 %4,19 %
2510,52 %3,96 %10,28 %3,16 %
3010,33 %3,15 %10,33 %2,21 %

Ici la volatilité indiquée, pour chaque durée de placement, correspond à l’écart type des rendements annuels calculés sur toutes les périodes glissantes.

Tendance des rendements moyens et des volatilités en fonction de la durée d’exposition

Evolution des rendements annualisés moyens et des volatilités en fonction de la durée d’exposition des placements sur le CAC 40* GR

Une confirmation des tendances du premier article

Les résultats obtenus confirment les conclusions de l’article précédent « Les placements programmés – Partie 1 » sur tous les horizons de placement :

  • Le placement programmé offrent en moyenne de meilleurs rendements mais qui convergent vers ceux du placement unique pour des durées de placement longues. Pour la durée à 30 ans, les performances convergent à 10,33 %.
  • En contrepartie, ils présentent une volatilité systématiquement plus élevée pour chaque horizon de placement.
  • La volatilité baisse avec l’horizon de placement, programmé ou unique.

Contrairement à une idée répandue, les investissements réguliers ne réduisent pas la volatilité, mais augmentent la dispersion des rendements, surtout sur les horizons courts. En revanche, ils permettent une meilleure performance moyenne.

Evolution des volatilités, au cours du temps, pour les placements de 5 à 30 ans.

Les deux graphiques suivants comparent l’évolution des volatilités des rendements sur le CAC 40* GR, calculées sur des tranches glissantes de 2 ans mises à jour chaque mois, selon les deux modes d’investissement : placement programmé et placement unique, pour des durées de 5 à 30 ans.

Les placements programmés

Impact de la durée sur la volatilité des placements programmés
5 à 30 ans, données hebdomadaires

Pour chaque durée de placement programmé, allant de 5 à 30 ans, la volatilité représentée est celle de la moyenne des volatilités des différentes périodicités (mensuelle, trimestrielle, semestrielle et annuelle)

Les placements uniques

Impact de la durée sur la volatilité des placements uniques
5 à 30 ans, données hebdomadaires

Les points marquants :

  • Les volatilités glissantes sont, en majorité, plus élevées pour les placements programmés.
  • Les courbes de volatilité s’aplatissent avec la durée de placement.
  • Les pics de volatilité ont une amplitude plus importante pour les durées de placement plus courtes.
  • Comme pour les rendements, les volatilités des placements programmés évoluent en phase.

Distribution des rendements annualisés,  étendue et percentile 80/20 par durée de placement

Les deux graphiques suivants présentent la distribution des rendements annualisés des placements en fonction de la durée d’investissement. Chaque graphique montre l’étendue des rendements (valeur minimale à maximale) et une valeur intermédiaire délimitant 80 % des rendements supérieurs et 20 % des rendements inférieurs (percentile 80/20).

Les placements programmés

Distribution des rendements annualisés des placements programmés sur le CAC 40* GR
 Etendue et percentile 80/20 par durée de placement

Les placements uniques

Distribution des rendements annualisés des placements uniques sur le CAC 40* GR
 Etendue et percentile 80/20 par durée de placement
  • Les placements programmés affichent une dispersion plus large des rendements (sauf pour 20 ans) , avec des extrêmes plus marqués (hauts comme bas).
  • L’étendue des rendements diminue fortement avec la durée, ce qui confirme l’effet amortisseur du temps.
  • le placement unique concentre davantage ses rendements
  • tandis que le placement programmé conserve une variabilité plus étalée, reflétant à la fois une espérance de gain plus élevée… et un risque globalement plus important.
  • Sur des périodes longues, les rendements convergent vers une zone de stabilité, quelle que soit la méthode choisie.

Conclusion

Cette analyse confirme que la durée d’investissement joue un rôle décisif dans la maîtrise du risque. Plus l’horizon est long, plus les rendements convergent vers une fourchette étroite, quel que soit le mode d’investissement. Dans l’historique du CAC 40* GR depuis 1962, aucune perte n’a été enregistrée pour les placements d’une durée minimale de 20 ans, quelle que soit la méthode d’investissement (unique ou programmé).

Cependant, contrairement aux idées reçues, les placements programmés ne sont pas moins volatils : sur les courtes durées, ils présentent même des profils de rendement plus incertains, avant de progressivement se stabiliser. À long terme, les deux approches tendent à se rejoindre, chacune avec ses spécificités.

A.Z.

Historique des mises à jour
26 juin 2025 :  ajout d’une analyse complémentaire sur la volatilité

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